jeudi 31 janvier 2013

Cathy Ingalls

Etant une fille très créative et pleine d'inventivité, j'ai réussi à dissimuler les abominables marques que l'abominable moustique (enculé!) a laissé sur mon merveilleux corps (de rêve).
Pantalon en lin, un peu large, mais sexy (enfin, je crois...).
Chemisier léger à manches longues. 
Maquillage pour les piqûres du visage (on n'a pas vu mes yeux pendant 24h! 'culé de moustique!!).

Je suis ainsi à peu près présentable même si dans l'impossibilité de :

- mettre mes jupettes et autres petits-t-shirts-moulants-attrape-garçons, sous peine d'exposer ma peau tachetée d'innombrables piqûres de moustique à l'air libre. L'allergie qu'elles me provoquent leur donne une couleur magenta virant violet. Inadmissible au pays du glamour. Mourir, je veux.

- m'exposer au soleil, au risque d'aggraver mon cas. Je passe mes journées sous le parasol. Je vais donc rentrer en France aussi blanche que mon cul.

- emballer un garçon. 
Déjà parce qu'il faudrait que je ne sois pas vêtue du combo pantalon-chemisier-manches-longues sur la plage. Avec mes deux tresses, j'ai carrément l'air d'une Amish. Ou de Laura Ingalls qui aurait pris un bus. 
Ensuite, pour emballer un garçon, il faut être dans l'état d'esprit de la chasseresse. Telle Diana, la déesse. Etant dans l'impossibilité impossible de me dénuder puisque convalescente d'une attaque de moustique à dards armés, je ne suis pas vraiment dans l'état-d'esprit-de-Diane-la-déesse-de-la-chasse.

Mes copines ont donc évidemment sauté sur l'occasion pour me trouver une nouvelle utilité: je suis garde-moche.
En effet, tandis que l'infirmière de l'hôtel me faisait une piqûre d'antihistaminique pour que je ne devienne pas elephant man, réduisant, au passage, mon sex-appeal à l'état de néant, mes copines ont abordé trois touristes australiens.
Des surfers, blonds, bronzés, musclés... Trois mots d'anglais... I love you... I want to fuck you.
Enfin.
Deux surfers, blonds, bronzés, etc...
Un pour chacune d'entre elles.
Moi j'ai eu droit au troisième australien.
Le non-surfeur.
Le mangeur de burger.
Petit. Gros. Pas beau. Pas beaucoup de conversation (en même temps, vu mon niveau d'anglais...). Le moche, donc.

Les deux beaux surfers ont l'air ravis que je me charge la mission tenir-compagnie-au-moche. Lui trouver de la compagnie féminine a, en effet, l'air compliqué.
Mes copines me sont infiniment reconnaissantes car leurs nouveaux petits copains peuvent ainsi se dévouer à elle, corps et âme (et surtout corps).



Le petit gros, lui, n'a pas l'air content. Cathy Ingalls n'a pas l'air à son goût (contrairement au burger qu'il s'empiffre). 
Il essaie de retenir ses potes en faisant semblant de se couper les veines.
Non mais c'est la meilleure celle-là!!!!
Déjà que j'en suis réduite à être garde-moche, MOI!! Cathy Brochet!!!! 
Il faut qu'en plus Môssieur-le-moche fasse le difficile.

En grande princesse, je me lève avec la ferme intention de monter dans ma chambre pour passer la soirée à faire un génocide de moustiques.
Je me retourne en plantant mes yeux (gonflés) dans ceux du petit gros et en lui faisant mon plus beau doigt d'honneur.
"De toute façon, I pas love you, I want pas to fuck you! Little gros!!!"

mardi 29 janvier 2013

Le gros dard

Trois jours qu'on cuit sous  le soleil de Cuba.
Mer turquoise.
Musique endiablée. 
Mojitos (x1000). 

La marque de nos maillots de bain commence à se voir (comprenez, on a le cul blanc...). 
Nous occupons nos journées à mater les serveurs du bar (open, le bar...) derrière nos lunettes de soleil. 
Ils sont A CROQUER!!!
Notre aliment de base est le rhum.
Et de tout ce qui est gras sur les buffets à volonté servis toute la journée (burgers-frites-pizza-mayo-gateau-choco)
Nous sommes au paradis (je me demande comment Mama va réagir quand je lui dirai que je ne veux plus rentrer...).

Nous sommes trois copines mais, semble-t-il, je sors du lot (en même temps, rien d'étonnant, je suis une fille exceptionnelle).

Je me suis faite chassée. 
J'étais sa proie.
Moi.
Pas les autres.
Il ne m'a pas lâchée. 
Moi.
J'ai essayé de lutter.
De m'en débarrasser.
Mais, tard dans la nuit, je me suis rendue.
Moi.
Offerte.
Ce fût une nuit épuisante.
Il ne m'a pas laissée dormir.
Il me voulait.
Il a laissé sur ma peau les marques de sa brûlante succion.
Et de son gros dard.

...

ENCULE de moustique.

Mes vacances sont foutues.
Etant allergique aux piqûres de moustiques, je ressemble à présent à un dalmatien aux yeux bridés (et un peu enrobé).
En plus, je me gratte tout le temps.
Je peux donc dire adieu au soleil si je ne veux pas avec l'air du canidé tacheté forever.
Je fais également une croix sur mes espoirs qu'un joli touriste ou serveur cubain trop mignon me chasse à son tour.
J'avais pourtant imaginé le scenar' idéal d'une comédie romantique hollywoodienne pour ma propre existence: soleil, touristes, vacances, petite française (un peu latino et un peu trop grosse), petit anglais (ou autre, ou n'importe quoi même, un joli garçon, n'importe lequel!!!!), coup de foudre, coucher de soleil (et non coup!), premier baiser sur la plage, nuit magique, retour en Europe main dans la main, bague au doigt, mariage, trois enfants et achat de lave-vaisselle Candy (j'adore cette marque).
Tous mes espoirs tombent à l'eau...

ENCULE!!!


samedi 26 janvier 2013

Cathy aéro-plane.

Fin de semaine, enfin! 
A peine sortie du stalag, j'ai sauté dans le RER direction Roissy-Charles de Gaulle car je pars une semaine en vacances au soleil. A Cuba. Avec deux copines.
J'ai pris soin de pousser un cri de joie en sortant de l'abominable tour grise où je suis esclave, en lui faisant des doigts d'honneur et en lui tirant la langue. 
C'est les vacances, je saute sur une patte de joie! 
Je danse!
Je suis tel le petit mammouth ailé qui saute de nuage en nuage en souriant...



Une semaine sans La Défense.
Une semaine sans Cruella.
Une semaine de bonheur.

Petit (gros) hic.
Pour me rendre à Cuba, il faut prendre l'avion (en bateau, c'est très long. J'ai checké).
Et j'ai peur de l'avion. Très peur. Très très peur.

Après l'euphorie des retrouvailles avec mes copines à l'aéroport, le checking en blablatant des maillots de bain, crèmes solaires et autres lunettes de soleil qu'on a emmenés, vint l'heure de l'embarquement.

Mon cerveau réalise enfin qu'il doit monter dans cet immense engin ailé pour m'emmener au bout du monde.
Mes jambes ont alors commencé à trembler, mes mains à suer, mon pouls à s'accélérer.
Me connaissant comme si elle m'avait faite, Mama m'a donné une boîte de Lexomil pour que je voyage plus sereinement.
"Comme tu n'as pas l'habitude d'en prendre, mi hija, un quart suffira largement à te faire dormir tout le voyage. N'en prends surtout pas plus! Caramba!"
Cédant à la panique de la montée dans l'avion (et oubliant le Caramba de Mama qui, d'ordinaire, me fait trembler), j'en ai évidemment pris un entier, espérant m'anesthésier jusqu'à l'atterrissage. 

Le temps que le médoc fasse effet, j'ai cependant eu le temps:
- de refuser de m'assoir à côté du hublot parce que je ne veux pas regarder dehors et réaliser que nous sommes dans les airs, obligeant mes deux copines à s'assoir avec moi sur une rangée centrale inconfortable. Et, le comble! Au lieu de se réjouir d'être solidaire avec moi, elles ont fait la gueule.
- de leur démontrer par A+B que ce n'est pas normal qu'un immense engin de fer puisse se hisser dans l'air et voler. Je veux dire: il vole! C'est pas normal. Pas normal de ne pas toucher terre pour se rendre d'un point à un autre. Pas normal de pouvoir braver une tempête, le vent, les nuages... Surtout quand on pèse des tonnes et des tonnes. La pesanteur, la pomme, Galilée... Bref, c'est PAS NORMAL.
- de gueuler sur un mioche qui ne trouve rien de mieux à faire que de courir dans les couloirs de l'avion, risquant ainsi à tout instant de le faire chavirer et de tomber, telle la feuille de l'arbre, pour ensuite disparaitre dans les fonds obscures de l'océan Atlantique  "Tu comprends pas petit???  Arrrêêêêête de courir!!! On va tous mourir et ce sera de ta faute!!!".
- de pleurer parce qu'on va tous mourir.



J'ai ensuite fait une fixette sur Twilight 3, que j'ai regardé en boucle en bavouillant. 
A c'qui parait. 
On m'a raconté. 
Je ne m'en souviens pas.

Je me suis réveillée quand l'avion s'est arrêté, après l'atterrissage.
L'une de mes copines a les yeux gonflés car elle a pleuré toute la route en répétant que c'est vrai que c'est bizarre qu'autant de métal puisse s'élever du sol et qu'elle ne voulait pas finir au fond de l'océan.
L'autre est très fâchée. Elle s'est disputée avec la mère de l'enfant qui courait car celle-ci voulait me dénoncer aux autorités cubaines pour consommation abusive de stupéfiants, s'attirant ainsi la non-sympathie de tous les passagers pendant que j'étais occupée à caresser mon accoudoir en répétant "gentil le loup garou, gentil" (m'en souviens pas non plus, elle l'a sûrement inventé...). 
Et elle est toujours furax à l'arrivée.
Franchement, faudrait qu'elle se calme, à ce rythme là, j'ai peur qu'elle nique l'ambiance des vacances.
Vais lui proposer un Lexomil...

mercredi 23 janvier 2013

Mama Poule


Sachez que j’adore ma famille. 
Surtout ma Mama. La péruvienne. Et tout particulièrement aujourd’hui.
Comme tous les matins, je m’assois à mon poste de travail dans mon bureau gris de La Défense grise (avec mon café-crème, mon pain au choc et ma non-envie de travailler) et, comme tous les jours, le premier mail que j’ouvre est le sien.
J’ai ce petit rituel le matin… bin quoi ? On peut être vieille avant l’âge non ?
Café-crème-pain-au-choc-de-grosse-et-mail-de-Mama.
Après ça, ma journée de non-travail au stalag peut commencer.
Ce mail commence toujours par « hola mi pericotito » (Note de Cathy : cela veut toujours dire « bonjour ma petite souris ») et entreprend, toujours, de me raconter les aventures qui se passent dans la maisonnée familiale, près de Lille, histoire que je n’oublie pas où est mon nid.
C’est toujours à peu près la même chose, mes frères pioncent, mon père travaille ou fait le jardin, Mama me parle de ses petits plats ou du Pérou.
Et grâce à ça, la-petite-souris-que-je-suis a l’impression d’être toujours avec eux (couper quoi ? le cordon ? QUEL CORDON ????)
Ce matin, le mail de Mama (traduit de l’espagnol, ponctuation comprise) disait :
« Hola mi pericotito j’espère que tu vas bien ici tout va bien Papa va partir au travail ton petit frère n’a pas cours je vais faire mon repassage hier soir une petite femelle faisane s’est explosée contre la fenêtre de la cuisine la pauvre petite le voisin va l’emmener pour en faire du pâté Gros bisous Ta Mama».
Non mais est-ce que tout le monde me suit ???? « La pauvre petite, on va en faire du pâté »
Ma mère est une indigène toute droit tombée d’un arbre. On a déjà bien de la chance qu’elle sache parler notre langue et on peut se dire qu’il est normal pour elle que les uns meurent pour que les autres survivent (l’histoire de la vie, ce cycle éternel, Mufasa et blablabla).
Elle aurait aussi pu dire que c’est la Pachamama (Terre-Mère en quechua) qui a voulu la mort de la petite femelle faisane pour que ma famille puisse survivre…
Soit.
OK, j’aurais compris. Après tout, je suis une souris.
Mais faire preuve d’un tel cynisme c’est INADMISSIBLE !!! « La pauvre petite, on va en faire du pâté ».
Inutile de vous dire que je l’ai appelée sur-le-pré, et failli me pendre quand elle m’a expliqué que mes frères s’étaient jeté dans ses jupes en s’écriant qu’un aigle (!!!!) s’était suicidé contre la maison…
Cette réaction est somme toute logique car, au final, nous sommes ses enfants. C’est normal qu’on réagisse comme des petits incas qui voient en cet acte un signe de la prochaine fin du monde de 2012 (en fait, petit frère numéro 2 aurait plutôt pensé à un hibou « et pourquoi pas un condor ? » qu’elle lui a répondu la Mama !!).
J’ai également froncé les sourcils et dit à Mama que c’était dégueulasse pour la petite femelle faisane.
Qu’elle avait beau faire preuve de cynisme (ce qui démontre clairement qu’elle s’est adaptée à notre civilisation judéo-chrétienne), elle n’est ni plus ni moins qu’une sauvage !
(En même temps je me demande comment ce stupide piaf a fait pour ne pas voir…. ma maison  ???????? au point de finir dans le double vitrage de la fenêtre de la cuisine…. Non mais elle n’est pas trop bête la faisane???? Ou aveugle ??? Ou alors elle voulait vraiment mourir. Elle avait peut-être le cœur brisé… Fallait pas en arriver là. Il y en a à la pelle des faisans, non ?)
Bon, tout ça pour dire :
- Que je pensais ma mère intégrée en France depuis le temps mais en réalité il y a encore du boulot.
- Que je ne comprends pas (et ne comprendrai jamais) comment mes frères ont pu mentionner les mots « aigle » ou « hibou » (mon père a même dit « faucon » !!!!) et même pas une seule fois le mot « poule »
- qu’en parlant de poule, je croyais que ma mère l’était. Sa non-solidarité vis-à-vis de la « petite femelle faisane » (également appelée poule faisane, en français non baragouiné) me laisse entendre qu’il faut que j’évite de lui tourner le dos. Du temps des Incas, on sacrifiait ses enfants pour moins que ça.


dimanche 20 janvier 2013

Ex ou ne pas ex?

Alors que je sirotais tranquillement un thé après une journée harassante à faire semblant de travailler, je sens mon portable vibrer.
Mufle.
Mon ex.
Celui que j'ai quitté il y a quatre mois et dont les derniers mots qu'il a entendu sortant de ma bouche (de princesse) ont été: TROU DU CUUUUUUL.
Il m'appelle.
Et merde.

"Salut Cathy, c'est Mufle, ça va?"
"Ah heu... Mufle? Quelle surprise! Très bien et toi?" demande-je, hypocritement.
"Bien bien... Je t'appelle parce que... Je me demandais si tu avais toujours les places pour le concert de Mylène Farmer que je t'ai offert à ton anniversaire l'été dernier?"

Quelle question, évidemment que je les ai! Je n'arrive pas à les revendre sur Leboncoin! Qui aime Mylène Farmer mis part lui? Et qui offre des places de concert de Mylène à sa meuf pour dissimuler sa passion pour elle?

"Oui, je les ai toujours" réponds-je
"Ah, parce que, je voulais savoir si ça t'embêtais de me les refiler?"

QUOI???? Il est sérieux??? Il veut récupérer un cadeau qu'il m'a fait? Mais qu'est-ce que j'ai bien pu lui trouver à ce Mufle?

"Ma nouvelle copine est une fan inconditionnelle, poursuit-il. Et comme j'imagine que tu n'as pas de mec..."

BATARD!

"Sans problème, je peux te les poster?" lui réponds-je, grande princesse.
"Génial, je t'envoie mon adresse par texto. Merci Cathy. A bientôt"

C'est bon! J'ai les places, l'enveloppe et le timbre. Me reste plus qu'à trouver l'anthrax.

jeudi 17 janvier 2013

Le serrurier


 Rappelez-moi de:
- Ne plus jamais appeler ma Mama en fermant la porte d’entrée de mon appartement.
- Ne plus jamais oublier la clef dans la serrure, à l’intérieur, puisqu'occupée à tchatcher avec ma Mama.
- Ne pas sortir dîner sans se rendre compte qu’on vient de faire la bêtises susnommée puisqu’occupée à discuter avec Mama.
- Ne plus jamais appeler un serrurier au beau milieu de la nuit (car entre temps, en fille responsable et raisonnée,  j'ai rejoint mes copines-avec-qui-suis-tombée-dans-un-chaudron-de-vodka).
- Ne plus jamais voir ma porte inouvrable, démontée, taillée en pièce, car elle ne veut pas céder. A 2h du mat’. Ivre.
- Ne plus jamais fondre en larmes en donnant 300€ à un serrurier.
- Ne rien dire à Mama sur l’histoire des 300€ puisque je suis à découvert et que je pars en vacances et qu’elle va pester des "Caramba" en tapant du pied !
- Ne plus jamais parler à Mama. Après tout, c’est de sa faute !


lundi 14 janvier 2013

Célibat, célibat pas?

Ce weekend, j'ai rejoint des amis pour un weekend à la campagne.
Outre votre serviteuse et deux potes célibataires (moches!), ils avaient également invité un autre couple d'amis que je ne connaissais pas.
Un beau couple.
Je veux dire... ils sont beaux.
Il est beau.
Elle est belle.
Ils s'aiment.
Ils sont beaux.
Ils vont se marier.
Ils ont de beaux jumeaux.
Ils ont un bel appartement.
Ils sont beaux.
Je les hais!

En plus, pastèque sur le biscuit, ils sont super sympas et on passe un très bon samedi soir.
Ils nous ont fait la cuisine (en plus d'être beaux!!!) et on a mangé un excellent diné.
Evidemment très arrosé.

Je suis allée me coucher en chouinant, en me disant que l'amour, c'est que pour les autres et que c'est dégueulasse parce que je trouve que je suis une fille super et pourquoi ça n'arrive qu'aux autres et blablabla. Attrapant mon oreiller pour lui raconter mes misères, avec mon haleine d'évier de bar et en priant petit Jésus de me donner l'opportunité de leur ressembler un jour. Ouin ouin ouinnnn.

Le lendemain, comme si la magie était tombée et Mère-Gueuldeub avait révélé leurs vrais visages, on a passé la journée à écouter le (pas) beau couple, tout chiffonné, s'échanger des :
"Putain, mais tu vois pas que les enfants ont mangé assez de bonbons? T'es conne ou quoi?"
"Si tu levais ton cul pour leur faire à bouffer, ils mangeraient autre chose!"
"Avec ce que tu leur donnes comme cochonneries, c'est normal qu'ils s'engraissent. Comme toi!"
"T'es vraiment qu'un connard. Si je ne me tapais pas tout le boulot à la maison, j'aurais le temps de faire du sport."
"T'es vraiment qu'une casse-couilles, tu passes ton temps à gueuler"
"Tu ne penses qu'à picoler et à mater ton foot avec tes cons de potes. Mais tes gosses, tu t'en fous!"
"La grosse? Elle me coûte une fortune en crème anticellulite! Et c'est pas efficace, croyez-moi! Une arnaque!"
"On verra qui va laver tes slips dégueulasses, connard, quand je me serais barrée!"

Agonisante dans le canapé, à m'enchainer les citrates de betaïne (merci UPSA), je n'ai pu qu'assister à ce combat de boxe, impuissante, en me demandant où était passé l'enchantement au pays du rêve et des merveilles qu'ils m'avaient vendu la veille.
Non mais je veux dire, ILS SONT BEAUX MERDE!!!

Le coup de grâce arrive.
Il lui hurle "De toute façon, si tu mangeais moins de Big Mac, tu serais pas devenue une vache!"

Grâce à lui, depuis hier, mon célibat me pèse beaucoup moins... Comme quoi...

vendredi 11 janvier 2013

Cathy rame


Ce matin, en allant au stalag, je monte dans un métro plus bondé que la boîte de sardines, en boulotant tranquillement un pain au choc gros comme ma tête.
Quand les portes du métro se referment, je ne suis pas assez alerte pour éviter le drame.
Lesdites portes attrapent une grosse poignée de ma crinière et, fermement fermées, me maintiennent coincée, la tête penchée sur le côté. Cheveux et traits tirés.


Je fais comme si de rien n’était (n'importe quoi, tout le monde me regarde), prends mon portable et appelle Mama. La tête toujours penchée.
Je parle espagnol avec Mama. 
C'est une stratégie que j'utilise souvent quand je ne veux pas me ridiculiser.
M'écoutant blablater en espingouin, les badauds, qui me contemplent, affligés par ma stupidité (à qui ça arrive de se coincer la tête ainsi, entre les portes du métro), me prennent pour une touriste qui ne sait pas prendre le métro et qui est condamnée à voyager la tête penchée. 

Je prétends passer inaperçue (FAUX !) mais descends quand même à l'arrêt suivant pour attendre la rame suivante, tandis qu'un petit japonais me montre du doigt. 
J’ai ma fierté.

J'ai quand même l'occasion de contempler dans la vitre du métro ma coiffure des plus originales. Un côté brushé et bien lisse. Et un autre côté, qui a gentiment nettoyé les parois dégueulasses du tunnel du métro, emportant au passage crottes de pigeon, peinture de graffitis et autres crachats symptomatiques d'utilisateurs mécontents du métro
On dirait que j'ai dormi dans ma poubelle.
J'espère juste avoir réussi à ramasser un bébé rat à offrir à Cruella. 

mardi 8 janvier 2013

Formez-moi


9h05. 
J'essaie de marcher le plus vite possible en regardant ma montre.
Et en rêvant d'un Big Mac.
Neuf heures cinq, neuf heures cinq…
Cinq minutes de retard.
Cinq petites minutes de retard.
Ce n’est pas non plus l'océan à ingurgiter.
Cinq minutes c’est quoi dans une vie ?

Déjà que j’ai réussi à me lever malgré tout ce que je me suis mis dans le bec hier soir (comprenez les litres d’alcool que j’ai bu), on devrait me féliciter. Mon employeur ne sait décidément pas la chance qu’il a…
Si seulement je travaillais au Macdo, je l’aurais sûrement déjà mangé ce foutu Big Mac…
J’active le pas, mes talons claquent sur la moquette, mon fessier roule. J’espère être discrète. Ne le suis pas.
Je porte un jean gris clair ultra moulant (comprenez sur le point d’exploser), dix centimètres de talons, un chemisier noir décolleté et une petite veste cintrée.
Mes ongles sont vernis couleur magenta. Vu d’avion, c’est pas mal.
J’ai le dernier « Elle » sous le bras et je tente péniblement de me mettre du gloss.
Comme si c’était le moment.
Tout en roulant du cul, je réalise que je porte un jean là où mes collègues filles de l’abominable tour de la Défense où je travaille portent des tailleurs (pendez les !).
Je n’y ai même pas réfléchi en m’habillant.
Je réfléchis peu quand j’ai la gueuldeub (c’est à dire souvent).
Je roule mon jean moulant vers la salle de formation. 
Une dizaine de jeunes cadres, comme moi, sont déjà assis, frais et prêts à être formés.
« Bonjour, dis-je en ouvrant la porte, d'une voix désolée. Excusez-moi pour le retard. Il y avait des chiens sur la voix et le métro était paralysé. Les chiens errants sont vraiment un problème à Paris. »
Silence dans la salle. Je vais m'assoir, satisfaite de mon bobard.
Je pose son sac, mon Elle, mon gloss. Je croise les jambes. Je sens les regards sur moi. Les garçons me passent au scanner. Les filles me trouvent pouffiasse.
Je réagis enfin et me dis que ça doit paraître bizarre d'être dans une salle de formation avec des lunettes de soleil sur le nez. Je les monte discrètement sur ma tête en me disant qu’à présent tout le monde va voir que j'ai la gueule de bois.
Si on me demande pourquoi j’ai cette tête là, je vais leur dire que j'ai les yeux gonflés parce que j’ai pleuré. Je vais leur dire que j'ai pleuré parce que j’ai perdu ma grand-mère. Non, trop classique. Je vais leur dire que j’ai pleuré parce que j’ai perdu mon chat. Non plus, ça fait trop mémère. Je leur dirai que j’ai pleuré parce que j’ai rompu avec mon mec. Oui ! Très bien ! En plus, c'est vrai que j'ai pas de mec.
En plus comme ça les filles auront mal au cœur pour moi et les garçons se diront « Youpi la voix est libre ».
Mon capital sympathie va remonter et avec un peu de chance, je vais gagner un rencard. PAR-FAIT !
Pas question que je raconte qu’en réalité, j’ai cette tête là parce que j'ai vu mes copines hier soir. Qu'on est allées à un bar pour fêter la promotion de l'une d'entre elles. Qu'on a bu 9 bouteilles de rosé à 4 puis une bouteille de bon champagne qu'on a, certes finie, mais été incapables d'apprécier car on avait 14 grammes. Et qu'on a fini par des shuts de chépaquoi offerts par le patron.
Non.
Je ne peux pas dire ça.  
Ça fait bizarre pour un lundi soir. 
Je vais leur dire que j'ai pleuré parce que j'ai perdu mon mec.
Dans mes pensées, je ne vois évidemment pas le doigt accusateur du formateur, pointé sur mon « Elle » que j'ai machinalement ouvert à la page horoscope (oui, l'horoscope du « Elle », c'est le vrai. Parole de Cathy).
« Melle Brochet, vous ne prenez pas de note? »
Des notes! Mais bien sur! Ou avais-je la tête!
« Si bien sûr, mais je ne sais pas si j'ai un stylo » réponds-je en fouillant nerveusement dans mon sac. Dont jaillissent vernis à ongles, rouges à lèvres, portefeuille rose et bouteille de parfum. Et pas de stylo.
Le formateur (moche et méchant) m'en tend un en levant les yeux aux ciels.
Je m'aperçois alors que je n'ai pas de feuilles non plus. Je n'ose pas le dire au formateur moche et méchant. Je me lève. Pense être discrète. Ne le suis pas. M'approche du rétroprojecteur qui est posé sous un bloc de feuilles pendant que le formateur continue son monologue (soporifique). Je prends une pile de feuilles de ce même bloc et retourne m'assoir, fière de moi et de ma discrétion (non!).
Je lève les yeux et constate que le slide que diffusait le rétroprojecteur est à présent complètement décalé vers le bas. Des sourcils froncés sont tournés vers moi. J'agite les feuilles pour justifier mon geste mais sens bien qu'on m'a classée dans la catégorie des boulets écervelés doublés de pétasse.
Bon. Tant pis.
Tandis que le formateur moche et méchant réajuste le slide, je me dis que cette fois, je vais être sérieuse et faire comme mes voisins. Je vais écouter ce que dit le prof, prendre des notes et m'intéresser à cette formation. Une nouvelle ère arrive. La nouvelle Cathy Brochet est née. Je vais devenir une professionnelle accomplie, une femme d'affaire respectée et redoutée et brillante… Et …
« pour apprécier le dépassement des seuils requis, il convient de se placer à la date de clôture d'un exercice social et, pour les sociétés nouvellement créées, à partir de la clôture du premier exercice. Les SAS appartenant à un groupe doivent, même en l'absence de dépassement des seuils, désigner, sans délai, un commissaire aux comptes. Certaines opérations nécessitent l'établissement d'un rapport par un commissaire aux comptes pour leur validité ou par renvoi aux règles des sociétés anonymes ; les SAS concernées… »
Notre ssssseigneur !!! DONNEZ MOI UNE CORDE!!!! QU’ON ME PENDE !!! JE SUIS PRISONNIERE A CHIANT-LAND!!!!

J'observe mes voisins (et les mouches voler). Tous ont l’air sérieux et intéressés par cette abominable formation. Mais comment font-ils???
Et mon voisin, avec ses lunettes et le Monde de l'Economie sur le bureau… Non mais franchement…

Je continue à penser à mon non-Big-Mac, aux blagues de la veille avec mes copines, au serveur mignon du bar (bar qu’on a plié, au passage, tels les Huns). Je subirai la journée en échangeant des textos avec mes copines, sous les yeux réprobateurs de mon voisin binoclard. 
La formation fût d'un ennui intersidéral.
Sauf le déjeuner.
Bon ok, ça parlait boulot mais au moins, me suis rempli le ventre.

Entrée-plat-fromage-dessert.

Vin.

J'ai pris un gros plat de pâtes pour éponger la gueuldeub'. 
C’était bel et bien le meilleur moment de la journée. L'après-midi, par contre, a été la plus longue après-midi de l'histoire des après midi.
J'ai fait trois allers-retours aux toilettes pour me mettre de l'eau froide sur la figure et ne pas m'endormir. Me demande encore si dire que j'avais mes règles pour justifier mes va-et-vient vers les toilettes était une bonne idée. Mes camarades ont surement dû penser que j'avais un problème gastrique justifié par la quantité de bouffe que j'ai ingurgitée au resto le midi. 
Ça ne mange pas que des salades les pouffes normalement ???