mercredi 27 février 2013

Tri, glisse et rides


Cette journée s’annonçait pourtant bien, j’avais un super horoscope.

Profitant d’une période de disponibilité au stalag (il faut bien qu’il y ait une compensation à bosser à Chiant-land avec Cruella), je suis allée voir la gynéco, sur mes heures de bureau, pour qu’elle me renouvelle ma pilule.

J’ai pourtant hésité à faire un enfant dans le dos au premier venu (j’ai 30 ans punaise ! qui va vouloir me faire un enfant maintenant ???? La peste soit des filles de 20 ans !). Mais j’ai trop eu peur de Mama et de ses caramba.

La gynéco m’avait fait faire une prise de sang, je lui tends les résultats du labo.

Déjà que ce type de consultations est très désagréable, elle a en plus le toupet de m’engueuler en brandissant la feuille des résultats.

« Vous avez vu vos triglycérides ??? C’est une honte !! Je vous mets au régime ! », me dit-elle.

Bon ok, mon excroissance fessière et moi ne sommes pas à proprement parler des brindilles mais honnêtement, je pensais qu’il n’y avait que mon Papa qui me trouvait trop grosse.

Elle ajoute que je dois éviter de manger n'importe quoi (Note de Cathy : manger n’importe quoi, MOOOOAAAAA ???????? ).

« Et surtout vous buvez trop d’alcool! » qu’elle rugit. Triomphante.

Non mais franchement, elle exagère pas un peu ???
Si on peut plus boire un petit verre…

samedi 23 février 2013

Vue du ciel


Ce soir, apéro avec ma copine Mumu (celle qui a des grands pieds).
Après avoir passé un coup d’aspi et arrosé mes (ma) plante(s), j’installe le spot apéro : saucisson, olives, deux verres à pied, Sauvignon frais.
J’aperçois un objet à la fenêtre de son voisin d'en face. On dirait un appareil photo, sur pieds. On ne voit pas bien dans la pénombre. Bizarre…
J’oublie vite, car Mumu sonne à la porte.
Les championnats du monde du moulin à paroles démarrent.
Mumu est au bout du rouleau car elle sort avec un mec marié. 
Cathy et Mumu mènent l'enqué-quête sur les pages jaunes, facebook et tout autre site indiscret sur la vie des gens. Elles passent en revue les mails et textos envoyés en établissant des fiches de lecture.
C'est fou comme un « Coucou toi, je t'embrasse… » envoyé par un homme peut prêter à diverses interprétations.
S'il m'envoie ceci, c'est qu'il pense à moi. 
S'il m'écrit cela, c'est que je lui manque.
S'il dit qu'il m'embrasse suivi de trois petits points, ça en dit long sur ce qu'il a envie de me faire.
En même temps, il ne me dit pas "bisous" après les petits points. S'il ne dit pas « bisous » c'est qu'il veut maintenir une certaine distance entre nous.
Et puis, il me dit « "Coucou toi ». 
« Coucou toi » c'est ce qu'on envoie à un pote, non?
Bon d'accord pas à un pote mais à une copine lambda oui. 
"Pas à la femme qu'on aime, beugle Mumu en finissant la deuxième bouteille. Je ne suis qu'un numéro pour lui tu crois Cathy? Et s'il y en avait d'autres que moi, en plus de sa femme? Et si je n'étais qu'une sex-friend pour lui? Et si je n'étais que l'une de ses sex-friends? Rohhhhh je ne le sens pas… Il ne m'aimera jamais. Il ne la quittera jamais. Ma vie est foutue. SSSSALAUD !!!!"
Je tente de trouver des contre-arguments au monologue de Mumu, tout en observant les mouvements chez le voisin d'en face, qui est visiblement rentré chez lui et s'affaire autour de son appareil photo.
Je ne sais pas si c'est le Sauvignon (quoi? déjà trois bouteilles?) mais j'ai l'impression qu'il est long l'objectif de son appareil photo. 
« Mais il veut quoi l'abruti d'en face avec son télescope dirigé vers nous? rugit Mumu, TU VEUX MA PHOTO???? »

Un télescope??? Whaaaat ???? Comment ça??? Et depuis quand?

Je rassemble rapidement (mouais) ce qui me reste d'esprit et me demande s'il avait déjà braqué son télescope (entre autre) sur mon appartement lorsque:
- Je sors de la douche, à poil, et choisis mes vêtements dans ma chambre => tous les jours
- Je danse (en petite culotte) de la salsa en m'observant dans le miroir pour voir si mes (énormes) fesses ne sont pas trop molles => tous les 2 jours, au moins
- Je chante The time of my life en utilisant le sèche cheveux comme micro pour faire voler ma crinière => chaque fois que je me lave les cheveux
- Je me balade en vieux-jogging-grosses-chaussettes, mal coiffée, mal démaquillée avec une sale tête => souvent, le weekend (cette dernière option serait la piiiiiiire !!!)

Mumu, ivre, part en criant à tue-tête qu'elle va larguer ce sssssalaud et se taper le premier venu qui sera toujours mieux que ce sssssalaud !! Et qu'elle crèvera ses pneus et que ses trois petits points, il peut se les carrer où elle pense. Ssssssalaud !!!

 « Oui, lui réponds-je. Nous sommes des femmes indépendantes doublées de princesses alors qu'il aille se faire foutre ! »

« Coucou toi !! Coucou toi connard ouiiiii!!!! Nan mais il s'est cru dans Dawson???? » s’esclaffe Mumu en partant. Et en titubant.
Après avoir débarassé mon salon, j’ai pris l'ardoise qui me sert à noter mes courses et laisse un petit message à son voisin d'en face. 

« ECOUTE MOI BIEN SUPER-VOYEUR, SI TU VEUX VOIR LA LUNE, ELLE EST DE L'AUTRE COTE DE L’IMMEUBLE. QUANT À LA MIENNE, T’EN REVE… »

En allant me coucher (non sans avoir pris soin de fermer ses volets), me suis quand même demandé si c’était une bonne idée de terminer mon message par trois petits points. 

mercredi 20 février 2013

L'Everest


Lui : « Quand on habite au dessous du niveau de la mer, gravir une montagne n’est pas une activité anodine ».
Moi : « Mmmm ».
Il entame sa salade de crudités en continuant :
Lui : « Oui, Cathy. Il faut une vraie préparation physique pour l’alpinisme. Il faut faire des randonnées de plusieurs heures avec des dénivelés positifs ».
Moi : « Des quoi ? », demande en remuant mes spaghettis bolo.
Lui : « Des dénivelés. Plus ou moins 500 mètres, si tu préfères. Ensuite, il faut faire de la course à pied. Je cours trois fois dix kilomètres chaque semaine, avec des accélérations ».
Moi : « Mmmm ».
Lui : « Je vais également à la piscine mais je suis obligée d’y aller la nuit car avec le boulot et les entraînements, je n’ai pas le temps. C’est un copain maître nageur qui me prête ses clefs » dit-il en croquant sa pomme.
Moi : « Tu ne sors jamais ? », réponds-je en contemplant mon dessert (un Paris-Brest, une vraie montagne !).
Lui : « Oh non, tu penses ! Je ne peux pas boire avec un tel rythme. Et puis, je m’entraîne à manger très peu. On part parfois plusieurs jours avec mon club, il faut rationner les portions ».

Une pensée pour mes assiettes de mammouth, les litres de vins que je bois, mes clopes et mon non-sport.

Lui : « Pour les équipements, c’est un vrai budget. Je dépense environ 300 euros par mois en équipement. L’alpiniste qui se respecte soigne sa tenue ».

Une pensée pour mon budget chaussures de pouffe également.
Note de Cathy : il devrait également s’octroyer un budget « costume et chemises », ce qui lui permettrait d’en changer de temps en temps.

Lui, en riant et en me faisant un clin d’œil : « Pour les chaussettes, pas de problème. Ma grand-mère me fait des chaussettes en crochet depuis que je suis petit, c’est mon petit secret ».

Du bout de la corde de laquelle je pendouille, je dois avouer que déjeuner avec Jean-Michel-de-la-compta est bel et bien la plus mauvaise idée que j’ai eue de ma journée (vie !).


samedi 16 février 2013

Le Batard


Depuis la fenêtre de l’Eurostar, je regarde le paysage telle la bovine en récapitulant les évènements de la veille.
Bienheureuse de mon invitation au concert de salsa avec Mister-adjoint-financier-beau-gosse, j’ai changé mon billet de retour pour passer le weekend à Londres et sortir avec lui hier soir.

Il a tout donné : petit dîner aux chandelles, puis mojitos dans un bar lounge (comprenez ambiance froide, verre hors de prix, musique incompréhensible...) puis concert de salsa, re-mojitos, musique endiablée, encore-mojitos, danse effrénée, dixième-mojitos, galoches, vingtième-mojitos, partie(s) de jambes en l’air, citrate de betaine, petit déjeuner au lit…
Portable qui vibre.
Texto.

Il attrape son portable, lit son message d’un air perplexe et me dit :
« Désolé, Cathy, c’est ma copine. Elle rentre plus tôt que prévu de son voyage en Ukraine avec ses copines. Tu ne peux donc pas rester ici tout le weekend, finalement. Je te raccompagne à la gare ou tu veux que je t’appelle un cab ? »

Patatraaaa ! Badaboum ! Le petit mammouth ailé que j’étais, celui qui volait de nuages en nuages pour manifester sa joie, vient de s’écraser au sol.

Mister-adjoint-financier-beau-gosse-gros-batard n’a visiblement pas jugé bon de me dire qu’il avait une copine avant que je ne sorte et couche avec lui.
Il semble étonné de me voir très fâchée.
« Ben quoi Cathy ? Quand on a la trentaine, c’est quand même bizarre d’être célibataire, non ? »
Mon ego et moi pourrions le tuer sur le pré…
Voyant ma tête décomposée, il rajoute :
« Je pensais que c’était clair entre nous, je suis vraiment désolé. Ne me dis pas que tu n’as pas de mec ? »
Batard. Batard. Batard. Batard x1000

J’ai pris soin, en partant, d’oublier une capote (usagée) dans la poche de son pantalon.
Avec un peu de chance, il fera très bientôt partie des trentenaires « bizarres ».