mercredi 29 mai 2013

Comment larguer un mec ?



Depuis que Crapaud m’a montré sa vraie nature (cf chronique du 15/05/13 "La France aux Crapauds"), je ne veux plus le voir. Je ne décroche plus quand il appelle. Je ne réponds pas à ses textos, ni à ses mails, ni à ses messages Facebook et autres réseaux sociaux. Je me hais de m’être laissée aveuglée par la tendresse qu’il me procurait pour ne pas voir que c’était un abruti.
Cependant, ma conscience (qui fait chier !) me dit que ce serait tout de même mieux de le lui dire clairement car il désespère d’avoir de mes nouvelles. C’est cruel de le laisser comme ça. Après tout, la dernière chose que j’ai faite en sa présence, c’est prétexter une migraine et le planter au restaurant. Il FAUT que je le largue de façon officielle.
Comme je le rappelle souvent, la fée-du-courage n’est pas passée sur mon berceau (alors que celle de la conscience si, bordel !). Je choisis donc de procéder à l’opération de largage du Crapaud par… texto. Oui, je sais : c’est moche, lâche, peu élégant voire vulgaire.  Mais tant pis.
Je vais essayer d’être claire en choisissant bien mes mots. De toute façon, ce que j’ai à lui dire n’est pas bien compliqué. Tchao. Bye-bye. Hasta la vista. A jamais.

Son dernier texto disait : « Hello Princesse. Ce silence me pèse. J’aurais aimé qu’on se parle avant mon meeting hyper important en Thaïlande. Je pars demain, essaie de m’appeler avant. Tu me manques. A mon retour, on ira se boire un verre à deux. Bisous ».
Il est donc parti aujourd’hui. Parfait, il aura mon texto-disquette-j’te-largue en atterrissant dans quelques heures. Ça m’évite les réponses immédiates, les négociations par textos et les appels intempestifs du mec largué.
…mon meeting hyper important… et gnagnagna… Quel puant !! Non mais qu’est-ce que j’ai bien pu lui trouver ?

Je prends mon portable, résolue à être claire et lui envoie :
« Se boire un verre à deux ? Non mais ça va pas la tête ? Pour que tu me racontes comment tu as mal parlé au personnel de ton cinq étoiles parce ton verre est un peu sale, que l’eau est trop chaude ou que ton steak est trop cuit ? Que tu m’expliques que la seconde classe en avion c’est nul, me parle de ton maillot de bain Gucci et regarde dix fois ta montre en baillant à l’écoute de ton propre monologue parce que tu es crevé ! Crevé ! Crevé ! Cher Crapaud, garde ta bave, je suis une blanche colombe (à la peau mate). Ciao ».

Quelques heures plus tard, je reçois un texto de sa part : « J’ai rien compris ».

MAIS IL NE FAIT AUCUN EFFORT EN PLUS???? Mon texto était plus que clair.
Tant pis pour lui.
Je fais la carpe. C’est bien la carpe. C’est un peu comme un brochet. En muet.

samedi 25 mai 2013

Le Paradis avec un M majuscule



Il existe. Le Paradis.
Ma copine Mumu m'y a emmenée pour préparer sa soirée d’anniversaire.
Mumu a les clefs du paradis.

On s’y balade sur un brancard, avec un petit verre de blanc offert en dégustation.
Il y a tout ce qu'il faut.
Des pots de Nutella de 5kg (5kg!!!!), des fromages gigantesques, des saucissons pleins le plafond, des brochettes par centaines, des gros jambons, des steaks astronomiques, des paquets de 10kg de pâtes, des litres de crème fraîche, des boîtes de plusieurs litres de glaces, des lasagnes d'un mètre, du riiiiiiiiiz!!! Oui du riiiiiiiizzzzz par tonnes!!!!
Des magnums de bacardi, vodkas, pastis, des cubis de toute sorte, des fûts de bières et même... des tonneaux!!!!!

On n'y est pas resté longtemps. J'ai d’ailleurs un peu boudé, en partant, car je voulais voir les poulets qui, j'en suis sûre, ont la taille d'un éléphant.
Mais Mumu, qui n’est définitivement pas drôle, avait préparé une liste précise et n’en a pas bifurqué : elle a pris ce dont on avait besoin et est allé à la caisse en me trainant par le bras (comprenez la peau des fesses).
Alors que je voulais continuer à errer dans les couloirs enivrants de ce paradis. Tel le petit Mammouth ailé.

METRO, c’est le paradis.
On se croirait dans « Tempête de boulettes géantes »...

mercredi 22 mai 2013

Cathy 1 – Cruella 0



J’ai décidé de rentrer en guerre contre tous les cons. Les rastons, les pas sympas, les mal lunés, les désagréables, les râleurs, les harceleurs, les chiants, les pas contents.
Ma première bataille va donc se faire contre Cruella. Elle est particulièrement en forme en ce moment car elle a découvert que Mao (son fils, un ado trop-gâté, en plus d’être chiant) fume des pétards dans les chiottes du lycée et l’insulte systématiquement sur ses statuts Facebook.
Elle est donc très très remontée et, comme toujours dans ces cas là, s’en prend à moi.
J’ai donc quotidiennement droit à sa visite (du haut de ses Louboutins de 12cm qui font trembler les murs, mes collègues, et moi) dans l’open space où je suis esclave avec d’autres petits-auditeurs-très-bas-dans-la-hiérarchie. Le processus est toujours le même : elle déboule devant mon bureau, me jette un dossier et commence à hurler. Devant tout le monde.
Il y a forcément quelque chose qui ne va pas dans le dossier : un chiffre mal arrondi, un paragraphe mal rédigé, une consigne qu’elle prétend m’avoir donnée (ah bon ?) et que je n’ai pas respectée. Ensuite, elle embraye sur ce qui ne va pas chez moi : mon cerveau trop petit que je n’arrive pas à faire fonctionner, mon incompétence, ma non-écoute de ses instructions et blablabla. Pendons-la.
J’attends patiemment que ça passe. Ensuite, je prends le dossier et le problème en main. Tous les autres petits auditeurs m’observent, le cœur brisé, en se demandant comment je fais pour la supporter. J’ai tellement l’habitude qu’elle se comporte comme ça que je ne fais même plus attention. Elle m’engueule parfois sur des dossiers que je ne connais même pas mais j’attends que ça passe. Les coups de fouet, à force, on ne les sent plus.
Oui mais aujourd’hui, je suis révoltée d’être la Cathy trop-bonne (dans tous les sens du terme) trop-conne (dans tous les sens aussi) et j’ai décidé qu’il fallait cesser d’être le steak qu’on hache mais bien le hachoir.
Nous avons une réunion cet après-midi sur un gros projet sur lequel Cruella me cravache depuis des mois. J’ai tout verrouillé, préparé, peaufiné. Elle est, pour une fois, plutôt contente de moi. Tellement contente qu’elle m’a annoncé ce matin qu’elle allait présenter elle-même MON travail à la réunion.
« Je préfère le présenter moi-même, Brochet, car nous serons face aux associés. Il ne faudrait pas que vous nous ridiculisiez en vous trompant, bafouillant ou postillonnant. Vous viendrez à la réunion, cependant. Si j’ai des questions, je veux vous avoir sous la main ».
Le piège typique. Je bosse, elle présente. Je me tais, elle récolte les lauriers. Et s’il y a une erreur dans le dossier, elle me pointe du doigt. Oui, c’est le lot des mini-cadres-diplômés-des-grandes-écoles-qui-ont-un-jour-eu-l’illusion-qu’ils-auraient-une-valeur-pour-leur-employeur.

Et bien pas cette fois ! A la guerre comme à la guerre.
Profitant de son absence à l’heure du déjeuner, je me suis introduite dans son bureau à pas de velours, tel le mammouth en ballerines, pour me connecter à sa messagerie et changer la salle de réunion sur son agenda. Ni vue, ni vue.


Je l’ai envoyée dans la salle de réunion 410 située dix étages en dessous.
La salle de réunion 410 est petite, sombre et très isolée. Certains l’appellent même la sex-room… Je n’en ai (malheureusement) jamais profité. Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi aucun de mes collègues ne s’est jamais pâmé pour m’emmener faire des galipettes dans la sex-room. Franchement, c’est dégueulasse. Tout le monde s’éclate au stalag et moi je me tape les savons de Cruella, merde !
Lors des dernières fausses réunions que je me suis inventée dans la salle 410 pour aller y faire la sieste (sans sexe, donc), j’ai par ailleurs remarqué que la porte avait du mal à s’ouvrir.

Me suis donc rendue seule à la réunion, obligée de faire la présentation de MON travail toute seule, puisque Cruella est absente. Je note toutes les remarques qu’on me fait et prends soin de ne pas répondre sur ce qui ne va pas dans le dossier.
« Ne vous en faites pas, ce n’est pas de votre responsabilité, Mademoiselle. Nous verrons cela avec Cruella, m’assurent les big boss. Merci pour ce travail ».
Je retourne à mon bureau avec un réel sentiment de justice : j’ai présenté mon travail et c’est ma boss qui se prendra des fessées pour les choses qui ne vont pas dans le dossier. C’est comme ça que ça se passe normalement, non ?
Lorsque je l’ai retrouvée près de mon bureau, affolée, décoiffée avec un talon cassé, j’ai ressenti de la joie (même si c’est très méchant de ma part).
« Ah Brochet ! Vous n’allez pas me croire. J’ai dû mal noter la salle de réunion et me suis retrouvée coincée dans la salle 410. Personne ne passe dans ce couloir, j’ai fini par ouvrir la porte à coups de talons. La réunion s’est bien passée ? Donnez-moi ce dossier, je prends le relai. J’espère que vous n’avez pas dit trop de bêtises ! » me dit-elle en s’éloignant vers son bureau.
J’ai quand même une petite pensée pour ses chaussures : elles ne méritaient pas d’y rester.
Ce n’était pas leur guerre…