vendredi 21 décembre 2012

Super-Mateur

Mauvaises nouvelles. Super-Mateur est de retour au boulot.
Il était en mission à l'étranger depuis plusieurs mois. Les filles de mon stalag, nos jupettes et moi pouvions dormir tranquilles.

Lorsqu'il a été aperçu dans le parking ce matin, l'information s'est répandue dans nos bureaux telle la trainée de poudre. Mails, textos et autres messages instantanés ont été échangés entre filles, à la vitesse de l'éclair.
"Alaaarmaaaaa, Super-Mateur is back! Couvrez-vous!!!!".

Cathy ayant fêté la fin du monde avec sa Mama hier soir, n'a rien vu passer.
J'ai commencé par arriver en retard au stalag, pour cause de grands travaux de ravalement de ma façade à base de douche brûlante, masque pour yeux bouffis (dommage que ça n'existe pas pour les joues) et pinte de doliprane.
Je suis ensuite partie de chez moi telle la fusée, oubliant mon téléphone portable sur lequel j'aurais pu lire les textos des collègues m'annonçant la terrible nouvelle. Si ça avait été le cas, je ne me serais pas acharnée à rentrer dans une robe verte pétante tellement moulante que je ne pourrais pas manger de frites à la cantoche. Très courte, sur des bottes (de chaudasse) noires à talons.
Arrivée au stalag, j'ai attrapé un dossier pour faire croire que j'allais en réunion et j'ai passé la matinée à glandouiller à la cafèt' avec des collègues cabossés (car ayant également fêté la fin du monde).

Je n'ai donc su que Super-Mateur était revenu qu'après le déjeuner, lorsque nous nous sommes retrouvés seuls dans l'ascenseur.

Super-Mateur est un petit gars pas-beau-gosse et pas intéressant que personne n'apprécie vraiment. Le genre de gars qui finissait toujours accroché au porte-manteau, à l'école primaire.  Adulte, il s'évertue à dragouiller tout ce qui bouge dans l'espoir de tremper sa nouille. Eurk!
En plus d'avoir les cheveux gominés, il est l'opposé de ce que "marrant" et surtout "charismatique" signifient.

Habituellement, sa technique est de venir s'assoir à côté d'une fille qui s'évertue à paraître occupée pour le faire fuir. Il reste pourtant un bon quart d'heure, en regardant ses seins et en lui montrant la montre Gucci ou la photo du nouveau jet-ski qu'il a reçu à Noël par son papounet plein aux As.

L'ascenseur n'étant pas son élément et Noël n'étant pas encore passé, il est d'abord à court d'arguments en ma présence. Pour ma part, en le voyant arriver, j'ai regretté de ne pas être venue en jogging.

Tenace, il réussit finalement à placer:
"Oh Cathy, t'es pas en pantalon aujourd'hui?"
En tant que reine de l'humour, je lui réponds "Non pourquoi? T'es déçu?"
"Bin un peu oui. Ça te va vachement mieux que les jupes, je trouve" qu'il rétorque.
Le piiiiiire c'est qu'il a l'air sincère. Mais pendez-le!

Au lieu de se taire, il rajoute "C'est des nouvelles bottes? Elles sont belles, on dirait des Chanel..."
Est-il vraiment utile que je réponde à ça?

Boudant dans mon coin, je baisse ma garde et ne vois pas venir le coup:
"Fais voir comment elles sont cousues tes bottes derrière?"

C'est alors que MOI, Cathy Brochet, experte en "Comment se faire mater quand il faut", MOI qui sait exactement en présence de qui exagérer ma cambrure, secouer mes cheveux, cligner intempestivement mes yeux de bitch (et donc, avoir l'air idiote), MOI qui ne sort l'artillerie lourde que quand ça en vaut la peine, MOI qui vit à Cathyland (comprenez Pouffe-land) où Super-Mateur n'existera jamais... j'ai fauté.
Concentrée sur la couture arrière de mes bottes pas-Chanel, j'ai pivoté régalant Super-Mateur de mon fessier proéminent.

Il est descendu tout sourire et s'est immédiatement dirigé vers les toilettes.
Moi aussi du coup.
Pour vomir.


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