Cruella doit avoir un sixième sens. Elle a dû sentir que je préparais
quelque chose de réjouissant (apéro ce soir avec les copines sur le thème du saucisson. Je suis joie) et elle
a décidé de me punir parce qu’elle a un très mauvais fond et ne veut pas que je
m’amuse dans la vie.
Je suis donc punie. PU-NIE !
Elle me fait venir au stalag une heure plus tôt pour l’aider sur un dossier
chiantissime au pays de Chiant-land. Je vais probablement mourir d’ennui et laisser
aller mon cerveau à rêver d’une autre vie où je serais danseuse, cuisinière ou
mère au foyer-entretenue-par-un-mec-riche-et-aimant.
Je suis en route pour La Déf… (je ne prononcerai pas le mot) et
réalise que le métro à 6h48 du matin (autant dire la nuit !)
est une expérience fascinante.
Des mecs dormant en cuvant leur vin de la veille ou, pire, des mecs avec leur
attaché-case à la main pour aller bosser (pauvres de nous !!!).
Deux/trois mamies avec des petits chiens moches qui profitent de cette
heure de non-affluence pour faire un tour de métro.
Quelques mamans débordées par leurs mioches pas sages.
Cathy en gueuldeub.
Châtelet.
Ils montent.
Notre seigneur, mon cœur n’a fait qu’un tour.
K-Way rouges (!) ou vert pomme (!!!!! x1000), petits sacs de rando noués
à la ceinture dont l'intérieur est jaune fluo et protège un appareil photo
(prix de vente +/-= au PNB du Pérou) qu’ils sortent intempestivement pour
photographier n'importe quoi.
Leur traductrice parle trop fort et dit au seul français qui les
accompagne (en K-Way rouge aussi, il a du vouloir être poli) qu'il ressemble à Jean-René
dans le film avec le dragon.
Ma culture cinématographique me tape immédiatement sur l’épaule et m’explique
qu’elle veut dire Jean Reno dans Godzilla.
Et surtout qu'elle doit dire ça à tous les français. Parce que le
français qui les accompagne ne ressemble pas à Jean Reno. Du tout.
En même temps, nous aussi on dit d'eux aussi qu'ils se ressemblent tous.
C'est donc de bonne guerre.
Sino-naïfo-touristes, avec leurs plans format A75, leurs sacs ouverts, leurs
montres et leurs Gucci-de-soleil sur le nez (non mais il pleut!), souriants gentiment
devant la beauté de la plus belle ville du monde.
Offerts.
Je les imagine nus, dépouillés de leurs K-Way fluos, de leurs appareils
high-tech qu'on n'a pas encore inventés en France, de leurs sourires et de
leurs passeports. Car ils ne tiendront pas la journée.
Et les pickpockets du métro, repus, se filmeront dansant la gigue avec leurs
sacs Vuitton.
J'ai voulu crier pour les prévenir en les voyant descendre du métro à Etoile:
« Petits touristes chinois, ou toute autre contrée bridée de
laquelle vous venez, il serait sage d'être chouia plus discrets. Et bienvenue
chez nous. »
Mais je ne sais pas comment on dit "chouia" en asiatique.
Pauvre d'eux!
Il était si beau, leur sourire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire