mercredi 14 août 2013

Bol de riz

Cruella doit avoir un sixième sens. Elle a dû sentir que je préparais quelque chose de réjouissant (apéro ce soir avec les copines sur le thème du saucisson. Je suis joie) et elle a décidé de me punir parce qu’elle a un très mauvais fond et ne veut pas que je m’amuse dans la vie.
Je suis donc punie. PU-NIE !
Elle me fait venir au stalag une heure plus tôt pour l’aider sur un dossier chiantissime au pays de Chiant-land. Je vais probablement mourir d’ennui et laisser aller mon cerveau à rêver d’une autre vie où je serais danseuse, cuisinière ou mère au foyer-entretenue-par-un-mec-riche-et-aimant.
Je suis en route pour La Déf… (je ne prononcerai pas le mot)  et réalise que le métro à 6h48 du matin (autant dire la nuit !) est une expérience fascinante.
Des mecs dormant en cuvant leur vin de la veille ou, pire, des mecs avec leur attaché-case à la main pour aller bosser (pauvres de nous !!!).
Deux/trois mamies avec des petits chiens moches qui profitent de cette heure de non-affluence pour faire un tour de métro.
Quelques mamans débordées par leurs mioches pas sages.
Cathy en gueuldeub.
Châtelet.
Ils montent.
Notre seigneur, mon cœur n’a fait qu’un tour.
K-Way rouges (!) ou vert pomme (!!!!! x1000), petits sacs de rando noués à la ceinture dont l'intérieur est jaune fluo et protège un appareil photo (prix de vente +/-= au PNB du Pérou) qu’ils sortent intempestivement pour photographier n'importe quoi.
Leur traductrice parle trop fort et dit au seul français qui les accompagne (en K-Way rouge aussi, il a du vouloir être poli) qu'il ressemble à Jean-René dans le film avec le dragon. 
Ma culture cinématographique me tape immédiatement sur l’épaule et m’explique qu’elle veut dire Jean Reno dans Godzilla.
Et surtout qu'elle doit dire ça à tous les français. Parce que le français qui les accompagne ne ressemble pas à Jean Reno. Du tout.
En même temps, nous aussi on dit d'eux aussi qu'ils se ressemblent tous. C'est donc de bonne guerre.
Sino-naïfo-touristes, avec leurs plans format A75, leurs sacs ouverts, leurs montres et leurs Gucci-de-soleil sur le nez (non mais il pleut!), souriants gentiment devant la beauté de la plus belle ville du monde.
Offerts.
Je les imagine nus, dépouillés de leurs K-Way fluos, de leurs appareils high-tech qu'on n'a pas encore inventés en France, de leurs sourires et de leurs passeports. Car ils ne tiendront pas la journée.
Et les pickpockets du métro, repus, se filmeront dansant la gigue avec leurs sacs Vuitton.
J'ai voulu crier pour les prévenir en les voyant descendre du métro à Etoile:
« Petits touristes chinois, ou toute autre contrée bridée de laquelle vous venez, il serait sage d'être chouia plus discrets. Et bienvenue chez nous. »
Mais je ne sais pas comment on dit "chouia" en asiatique.
Pauvre d'eux!

Il était si beau, leur sourire.

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