Revenons à mon
mec. MON mec. Mon Crapaud.
Parce que j’ai un
mec j’ai un mec j’ai un mec x1000.
Nouvellement
maquée, je continue à devoir être toujours parfaite quand je le vois, ce qui
commence à me gonfler.
MAIIIIISSSSS j’ai
enfin un mec, donc je fais un effort.
Je soigne mes
ongles, mes cheveux, mon maquillage, ma tenue vestimentaire, mon appétit d’ours
(j’ai une dalle internationale) et mon haleine de dragon du matin.
Pour l’instant,
tout roule. Il ne s’aperçoit de rien. Dans mes rêves, je suis sûre que le
Crapaud se pavane devant ses potes en roulant des mécaniques et fredonnant:
« Ma meuf à moi, elle est toujours sexy et bonne. Elle n’a jamais de
cernes, ni de gueule de bois, n’a pas de peau d’orange et ne fais pas caca
comme vos meufs, les gars ! ».
Bon, pour la peau
d’orange et la gueule de bois, il va falloir que je bosse ma stratégie de
camouflage car Crapaud risque à tout moment de découvrir le pot-aux-roses. Et
pour le reste, je risque l’occlusion pour ne pas qu’il découvre le
pot-pot-aux-roses.
Avoir un mec,
donc, c’est la merde.
Mais quand on se
fait des soirées champagne-DVD-sexe, j’oublie toutes ces petites contrariétés.
Pourtant, le fait
que, de son côté, il ne prenne pas ce genre de pincettes avec moi, me tape sur
le système. Ainsi, le Crapaud a l’air de se foutre totalement de me dévoiler
ses défauts, alors que nous ne sommes qu’au stade embryonnaire du couple. A ce
stade, nous devrions en principe tous les deux risquer l’occlusion en souriant,
nous regarder béatement dans le blanc des yeux et avoir envie d’être sous la
couette en permanence.
Ce matin, Crapaud
a oublié cette règle de bienséance, me faisant découvrir qu’en réalité, il
n’est pas (DU TOUT) du matin. A l’inverse, je suis Madame-Sourire-Dès-Le-Matin
(avec tout ce qu’il y a d’exaspérant chez Madame-Sourire-du-matin quand on
n’est pas du matin).
Crapaud
râle : « Je suis explosé, EX-PLO-SE ! Je m’étais pourtant dit qu'il
fallait que je dorme hier. Je savais qu’il ne fallait pas que je sorte »
Sympa pour moi
qui suis sa « sortie » de la veille….
Mais, je garde le
sourire, inébranlable.
Il continue à
râler parce qu'il est très fatigué, qu’il aurait dû dormir, que la journée va
être horrible et bla-bla-bla…
Je suis pourtant
épuisée en ce moment car je fais des nocturnes au boulot, pour bosser avec mes
confrères d’Amérique Latine qui commencent à bosser des heures après moi.
Toujours sourire,
je tente de lui dire en rigolant: « Tu penses à moi et mes 6h de décalage
horaire au boulot ? En termes de fatigue, je pense que je gagne ».
J’ai osé dire ça.
Quel affront !
Réponse
immédiate de l’affronté : « Oh arrête un peu ! N'importe
quoi. Moi quand je rentre de New York City, je mets un jour et demi à me
remettre et il y a aussi 6 heures de décalage. Alors ne me dis pas qu’en
bossant d’ici en horaires décalés, tu es crevée ? L’Amérique Latine…
L’Amérique Latine, c’est nul, en plus. Y’a quoi là-bas franchement ?
Depuis la mort d’Allende et du Che, c’est un continent ringard. Aucun intérêt.
L’Asie c’est bien plus tripant. Tu devrais en parler à ta Cruella ».
Comprenez dans ce
pamphlet racisto-pas-sympa : « Nan ce n’est pas toi la plus fatiguée
ici, c'est MOI. C’est moi le plus fatigué de l'univers, pas toi !! C’est
moi ! C’est pas toi ! C’EST MOI !!!»
Sonnée par cet
uppercut qu’il vient de m’envoyer en plein visage, je l’écoute poursuivre sa
complainte, en souriant : « En plus, on n'est que mercredi. Il reste
encore trop jours, je ne sais pas comment je vais tenir. Je suis crevé !
Crevé ! Crevé ! »
Madame-sourire
tente de positiver (errrrrreuuuuurrrrr !) : « Oui, mais le
mercredi midi, on rentre dans la fin de la semaine. C’est une bonne nouvelle,
ça ! »
Indigné par mon
intervention, il me remet un uppercut « Nan mais MOI, avec le boulot que
j’ai et étant donné les enjeux que je dois gérer, je les sens passer les 2
jours et demi qui restent, MOI. Toi, ton boulot, je peux le comprendre
mais le mien, tu ne pourrais pas. J’ai des responsabilités, MOI.»
KO, je pars
bosser en m’imaginant mes ancêtres du Pérou se retourner dans leur tombe
ringarde et en me disant que c’est pourtant une bonne nouvelle qu’on soit
mercredi.
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