Même
s’il est un peu casse-bonbec le matin (cf chronique Le Râleur du 17/01/13),
j’aime bien mon mec. Mon Crapaud.
Pour
m’adapter à cette situation, j’ai pris l’habitude de me lever avant lui, pour
me préparer tranquillement et en silence, tandis qu’il termine sa nuit. Cela
m’évite de l’entendre pester contre sa propre existence dès le réveil parce
qu’il n’est pas du matin. Je pars sereine et sourire. Cela me permets aussi
d’arriver tôt au stalag, pour le plus grand plaisir de ma boss Cruella.
Je me
dis que, lorsqu’on est en couple, c’est normal de faire des concessions et de
s’adapter à l’autre.
Bon,
il faudra cependant que je lui en touche un mot car de son côté, il n’en fait
pas beaucoup. Je continue ainsi à jouer la « poupée parfaite »
toujours belle, bien coiffée et maquillée en sa présence. Je n’ose toujours pas
manger gras devant lui (je tuerais pour un burger). Et je me planque pour
piccoler avec mes copines. Tout ça pour paraître toujours glamour et sexy
devant lui…
J’aimerais
donc que lui aussi fasse des concessions et m’accepte en gueuldeub, avec mes
lunettes de soleil pour regarder des DVD de comédies romantiques, ma tenue du
dimanche (comprenez jogging-grosses-chaussettes-surtout-pas-de-soutif), mes
trois litres de coca-surtout-pas-zéro et un charolais-frites gros comme mon
appétit (supplément boursin).
N’ayant
toujours pas vu en lui le signe d’une très grande envie de concession, je pense
qu’il va falloir que je patiente encore un peu.
Il y
a cependant des bons côtés à avoir un mec : les câlins, les textos, les
regards complices, les fou-rires (sauf le matin !).
En ce
qui nous concerne, nous franchissons une nouvelle étape : le dîner chez
ses amis. Il m’a ainsi emmenée dîner chez ses amis hier soir.
J’y
suis allée pomponnée comme pour un bal et le torse gonflé comme une première
dame tellement j’étais flattée de cette invitation. Elle est le signe que notre
relation évolue dans le bon sens, qu’il veut s’engager avec moi… Ouh laaaa… Je
sens que je vais recommencer à psychoter sur les prénoms de nos futurs enfants.
Stoppez-moi !
La
soirée a bien commencé. Nous étions trois couples (je suis en couple je suis en
couple je suis en couple je suis en couple x1000).
Victor,
notre hôte, avait préparé (accrochez-vous !) : des enroulés de crabes au
radis en entrée, des cailles au genièvre en plat principal et, pour finir, des
bavarois à la mangue et au chocolat blanc. Arrosés de grands vins. Pour un
dîner entres amis.
Lorsqu’il
nous a annoncé le menu, j’en suis tombée sur les (grosses) fesses.
« Ça
m’a pris la journée pour tout préparer, explique-t-il. Je suis allé faire mes
courses au Marché des enfants rouges pour avoir des produits bio et
frais ».
Le
Marché des quoi ???? Mais il est complètement fou ! La moindre botte
de coriandre doit coûter 8 euros. C’est les fruits et les légumes les plus
chers du monde ! Il a dû y laisser sa paie !
Enfin….
si j’observe son appartement dans un bel immeuble haussmannien de Montmartre,
ses meubles design et ses costumes sur mesure, je me dis que ce n’est peut-être
pas sa paie qu’il a dû laisser au Marché des Enfants Rouges mais uniquement son
argent de poche. Enfin, ma paie quoi…
C’est
là que je me suis rendue compte que, parmi les amis de mon Crapaud, j’étais bel
et bien la souillon. Sacs griffés, robes de créateurs et compagnie. Ça parle de
vacances à la Barbade et de coupé sport, de stock options (pendons-les !) et
de bague de fiançailles à six mille euros (dans ma tête, ça a résonné comme 50
000 dollars). Je me suis sentie chouïa gênée mais après tout, Crapaud m’aime
pour ma personnalité et non mes goûts de luxe. Et toc !
A
table, nous commençons à déguster les petits plats tandis que Victor et sa
future femme nous racontent leur six derniers mois en Amérique Latine. J’en
conclue au passage, que Victor doit être rentier… Enculé !

Non,
c’est pas bon. J’ai l’appétit coupé à cause de leur condescendance à la con
avec mes congénères d’Amérique Latine (mais qu’est-ce qu’ils ont tous avec ce
continent ?????). Et puis objectivement, c’est pas bon. Le repas n’est pas
bon. Faire autant de chichis pour des plats compliqués qu’on ne sait même pas
préparer et qu’on est sûrs de rater, c’est le comble du ridicule.
Je
pense que c’est pas gagné pour mon intégration dans le « clan » du
Crapaud.
Dans
mon clan, on se régale avec un bon plat de pâtes-carbo-inratable, on apprécie
le Boulaouane parce qu’on est fauchés et on ne monopolise pas la conversation
pour pavaner mais on s’intéresse aux autres.
Du
coup, en bonne indigène d’Amérique Latine, j’ai pas décroché un mot de la
soirée et bu tout le vin.
Ben
oui, quoi… il était bon, le vin.
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