mercredi 4 septembre 2013

Cassage de patte

Cruella a pris trois semaines de vacances.
Elle est revenue lundi.
Inutile de préciser qu'elle n'a manqué à absolument personne et que, mes collègues et moi, vivions paisiblement notre petite vie paisible jusqu'à son (terrible) retour.
Depuis ce weekend, rien qu'à l'idée qu'elle revienne, je recommence à avoir des suées la nuit, à parler seule devant mon miroir en m'imaginant que c'est à elle que je m'adresse, à fumer comme un pompier pour me détendre (et me faire tousser) et surtout... à picoler tous les soirs.
Je pense que c'est pathologique: je suis alcoolique à cause d'elle. J'essaie, chaque soir, d'oublier qu'elle existe. En buvant.
Je me demande encore ce que j'ai bien pu faire de mal dans ma vie antérieure pour mériter un tel châtiment et être condamnée à lui servir de souffre-douleur.

Désespérée de l'avoir sur le dos toute la journée, je suis au bord du pétage de plomb.
Elle est, de plus, d'une humeur massacrante. Son abruti de fils Mao (un ado imbuvable, trop gâté, trop ingrat, trop con) lui a fait passé des vacances atroces. Il ne lui a pas parlé (pas un mot) pendant trois semaines car elle a refusé de lui louer un scooter et a gardé comme statut facebook "Ma mère est trop conne" pendant toute la durée des vacances.

Furax, Cruella est revenue bien décidée à en découdre avec quelqu'un. La première personne qui lui passera sous la main fera l'affaire. La première personne qui lui passe sous la main c'est... moi... donc.
Elle me hurle dessus depuis trois jours, me fait courir, suer, paniquer, presque pleurer... pour calmer ses propres nerfs. Alors que les miens vont lâcher.

Je la hais x1000.

Son nouveau petit jeu de torture consiste à me faire courir trois étages en dessous du nôtre, aux archives, pour lui remonter des piles de dossiers. Elle insiste pour que je prenne les escaliers car l'ascenseur est, je cite, "Beaucoup trop long à arriver. C'est une vraie perte de temps. Vous êtes jeunes, vous pouvez bien descendre trois étages à pied tout de même?".

Oui mais Cruella a l'air d'oublier que:
- j'ai, comme elle, des talons de 10 cm. Pas aisé dans les escaliers. Sur trois étages. Avec des dossiers à la main.
- je suis trop nerveuse. TROP NERVEUSE. Elle m'a mis les nerfs en pelote. Je me trompe souvent de dossier et ne suis pas très attentive à là où je mets les pieds car suis beaucoup trop perturbée.
- je picole tous les jours pour oublier qu'elle existe et que, par conséquent, je tangue en permanence. Pas beaucoup d'équilibre pour Cathy.

Ça n'a donc pas loupé. Patatraaaaa. Badaboum. Me suis cassé la gueule dans les escaliers, sur un étage complet. Mon talon s'est cassé, ma cheville s'est pliée, ma gueule a frotté contre les marches. C'est parfait! Je suis défigurée et éclopée.
C'est une femme de ménage qui m'a trouvée, sanglottante, une demi-heure après ma chute (oui, car tout le monde sauf moi prend l'ascenseur à mon stalag et puis, on ne capte pas dans les escaliers, impossible d'appeler à l'aide).

S'en est suivi la totale: pompiers, ambulance entourée de dizaines de collègues, plâtre, anti-inflammatoires, remontage de bretelles de Cruella par ses supérieurs hiérarchiques et messages de soutien de mes collègues.

J'ai TOUT gagné. Je suis arrêté pendant 3 semaines avec ma patte cassée. Je suis donc alitée et choyée chez Mama qui va me faire des petits plats que je vais déguster sans complexe, puisque convalescente. J'ai acquis un statut de martyre au boulot. Suis devenue celle qui bosse sans relâche au point de ne pas prendre les escaliers pour amener les dossiers plus vite sur le bureau de sa boss. Cruella est montrée du doigt et (enfin) reléguée au rang de tyran sans pitié qui mérite la potence.

J'adooooooore cette situation (même si j'ai mal à la patte).
Je devrais peut-être écrire mes mémoires...

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