Malade, je me résigne à aller chez le médecin.
J’arrive devant la porte
vitrée de son immeuble. A l’intérieur, je vois le concierge et une dame, sourcils froncés, qui
discutent en m’observant.
Je peux comprendre qu’on soit hostile à voir des
personnes défiler dans son immeuble mais je viens en paix. Je ne comprends pas
bien cette hostilité, j’ai juste un gros rhume. Ce n’est pas la peste quand même !
Comme ils ne prennent pas la peine de m'ouvrir, je suis obligée de
sonner au cabinet médical. Je suis fiévreuse, impatiente et rapidement
exaspérée par les deux acolytes qui me toisent méchamment. Et qui n’essaient même pas
de le dissimuler.
La secrétaire du cabinet médical m’ouvre par l'interphone.
Je rentre dans l’immeuble.
Le concierge, remonté comme un coq et fier d’avoir la dame comme public,
m'interpelle et me dit « Mademoiselle ! N’est-ce pas vous, lundi dans l'après-midi, qui étiez dans le couloir du premier avec un garçon en train
de … vous savez ? De vous bécoter !!! Votre mère sait que vous
séchez le lycée pour faire ça? »
Je le stoppe direct en levant la main. Avant qu’il ne termine son
argumentaire qui n’a de toute façon aucun sens puisque
de 1. je n’habite pas cet
immeuble
de 2. lundi, j’étais au stalag en train de me faire torturer par Cruella
de 3. si je devais
« bécoter » un garçon, ce serait sous ma couette.
« Non, Monsieur, ce n’est pas moi »
Je passe mon chemin, vexée jusqu’au bout des cheveux qu’il me confonde
avec une gamine traversant sa période de premières galoches. S’il s’avait que
cette période date du Jurassic tellement je suis vieille. J’en ai
roulé des milliers de patins depuis cette époque !! Des petits, des gros, des nuls, des
géniaux, dans un sens puis dans l’autre...
J’observe mon reflet devant les portes de l’ascenseur. C’est sûr qu’avec
mes baskets montantes argentées, mon bandeau sur la tête, mon gros poncho et mon
legging, j'ai l'air d'une ado. Il n’a pas tort.
« Mais non, Monsieur, non. Ce n'est pas moi » répète-je dans
ma tête, profondément vexée.
Le concierge insiste et en remet une couche
« Ouais ouais ça! Vous voyez très bien de quoi je parle!!! (Note de
Cathy : mais il est ssssssérieux????) Une jeune fille comme vous,
exactement comme vous (Note de Cathy 2 : il fait clairement référence à mon excroissance
fessière puisque, vexée, je lui tourne le dos), vous croyez que je ne vous
reconnais pas??? Vous me prenez pour qui??? Je vais le dire à vos parents ».
Furieuse, je me retourne et lui dit fermement « Monsieur, j'insiste
une nouvelle fois. Ce n’est pas moi. Ne vous obstinez pas, ce n'est pas
moi. Ça ne peut pas être moi !»
Il me répond un « Ouais, ouais, c'est ça ! Que je ne vous y
reprenne plus ou bien j’en parle à vos parents.».
La dame me regarde d’un air réprobateur en faisant non de la tête.
Alors certes, il vaut mieux qu'il me ne confonde avec une ado délurée
qu’avec ma grand-mère. Mais qu’il prenne avec moi ce ton de l'adulte vers
l'enfant de type « Mon œil! Ton nez va pousser comme Pinocchio! »... Je bouillonne!
Je le vois à son air fier qu'il est persuadé que c'est moi et que, quoiqu'il arrive, et même si mon médecin lui dit de laisser les patientes
convalescentes tranquilles, il restera sur sa position. Il n’en démordra pas. Ça se voit.
J’enrage ! Un incommensurable
sentiment d'injustice m'envahit.
Je suis condamnée pour un crime que je n'ai pas commis. A présent, chaque fois que j'irai chez le médecin, le concierge
et la dame me feront les gros yeux. Et penseront dans leurs têtes « Les
jeunes filles d'aujourd'hui ont trop chaud au cul. C'est sûr qu'elle met des
photos d'elle à poil sur Facebook, en plus de tourner dans les
caves! ».
Et si la petite (la vraie) récidive ses roulages de pelles compulsifs
dans le couloir (voire pire!) et que le concierge la surprend à nouveau, je suis
bonne pour un nouveau savon.
Tandis que les portes de l'ascenseur se referment, je vois la vieille
qui me fixe encore. Mais puisque je vous dis que ce n’est pas moi!! J’ai envie de leur hurler que j'ai (malheureusement) passé l'âge de me
bécoter dans les couloirs. Meeeerde!
Conclusion:
- je suis ulcérée, vexée, et dès que mon médecin me reçoit, avant de lui
parler de mon nez qui coule, je lui fais part de mes plaintes sur le concierge
et la dame (c'est pas moi je vous dis!!!)
- mon jeune sosie existe, habite dans le quartier et chope des mecs. Elle!
Mention pour la dernière phrase ! Je compatis : l'an dernier, en vacances, un gamin de 20 ans m'expliquait en festival comment choper... tellement simple que j'y avais pas pensé du haut de ma grande expérience...
RépondreSupprimerMathieu